Les Cosmogoniales
Estampes et bande dessinée publiée aux éditions Rue de l’échiquier.
Estampes et bande dessinée publiée aux éditions Rue de l’échiquier.
Gravure taille-douce ex libris de la bande dessinée.
Sérigraphie accompagnant la publication de la bande dessinée.
Ἠέλιόν τ’ ἀκάμαντ’ ἐπιείκελον ἀθανάτοισιν
ὃς φαίνει ϑνητοῖσι καὶ ἀθανάτοισι ϑεοῖσιν
ἵπποις ἐμϐεϐαώς σμερδνὸν δ’ ὅ γε δέρκεται ὄσσοις
χρυσέης ἐκ κόρυθος λαμπραὶ δ’ ἀκτῖνες ἀπ’ αὐτοῦ« l’infatigable Soleil, tout à fait semblable aux immortels, qui, au pas régulier de ses chevaux, éclaire mortels et dieux immortels. Terrible, de sous son casque d’or il darde sur tous ses regards, radieux et rayonnants. » (Homère, Hymnes, xxx, v. 7-10.)
… hic caeli tristitiam discutit atque etiam humani nubila animi serenat hic suum lumen ceteris quoque sideribus fenerat praeclarus eximius omnia intuens omnia etiam exaudiens…
« C’est lui qui dissipe la tristesse du ciel, et qui même écarte les nuages jetés sur l’esprit humain ; c’est lui qui prête sa lumière aux autres corps célestes. Remarquable, sans rival, il voit tout, il entend même tout. » (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, II, iv, § 13.)
Bande dessinée publiée aux éditions Rue de l’échiquier.
Πῶς γαῖα καὶ ἥλιος ἠδὲ σελήνη
Αἰθήρ τε ξυνὸς γάλα τ΄ οὐράνιον καὶ ὄλυμπος
Ἔσχατος ἠδ΄ ἄστρων θερμὸν μένος ὡρμήθησαν
Γίγνεσθαι.« Comment la Terre, le Soleil et la Lune,
l’éther commun, le lait du ciel étoilé, l’olympe
le plus reculé et les astres brûlants ont commencé
à se former... »Parménide d’Élée De la nature, XI.
Silène chante enfin les églogues cosmogoniales que naïades, arbres, faunes, pâtres et bêtes sauvages désespéraient d’entendre jamais. Il chante l’univers qui embrasse la Terre et rend possible son existence, la genèse de celle-ci, en ses formes et ses principes, la vie qu’elle vit naître en ses mers fécondes. Il chante le manteau organique et grouillant qui couvre à présent son sol et constitue l’heureux auditoire du vieux satyre.
Ses églogues mettent en regard ce que la connaissance actuelle nous dit de nos origines avec une vision cosmogonique venue du fond des âges, en cueillant les propos d’une justesse souvent stupéfiante de penseurs et de poètes latins et hellènes. Les pages des Cosmogoniales qui les accueillent nous font ainsi redécouvrir, à travers le chant de Silène, la sagesse des Anciens.
De l’explosion primordiale aux premiers animaux foulant les terres émergées, en passant par les péripéties de la formation de notre planète, les images et le verbe des Cosmogoniales se complètent plutôt qu’ils ne s’illustrent, et portent chacun une temporalité dont le perceptible décalage offre par sa finesse un regard nouveau et poétique sur un mystère qui n’a cessé de fasciner les hommes : l’apparition de notre monde.
Voilà un projet ambitieux et spectaculaire ! Hyacinthus, artiste graveur et dessinateur, a décidé de nous faire revivre les origines du monde, de l’étincelle primordiale à l’apparition de la vie sur Terre.
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[C]ette idée, cette mise en mouvement est illustrée ici d’extraits de textes anciens choisis avec soin et accompagnés de planches graphiques frôlant l’abstraction mais révélant avec subtilité et force toute cette évolution.
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Comme la vie s’est créée sur un assemblage de formes, le mélange texte et dessins donne lieu à une expérience étonnante. C’est à travers la fusion entre mots et traits qu’apparaissent petit à petit la matière et la vie. En plusieurs chapitres qui se consacrent à la naissance de l’univers, puis de la terre, puis des animaux, Hyacinthus fait émerger lentement le miracle de la vie. Son graphisme est une expérience unique. À travers de grandes planches, la matière se tord, les hachures se saturent et la lumière apparaît violemment. Les éléments ont une vie forte et l'ensemble est prodigieux de beauté et fascinant à contempler.
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[Q]u’on ne s’attende pas à du réalisme, mais à un semis de points, de taches de hachures qui, de page en page, forment une sorte de tapisserie abstraite rendant compte de l’émergence brouillonne d’un univers.
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Les premiers moments de l’univers, cellulaires, s’avèrent ainsi particulièrement impressionnants. Ils nous ont, étonnamment, évoqué le poète et peintre non pas du dehors cosmologique mais bien du dedans absolu : Henri Michaux. Et ses “signes”, tracés et mouvements libres venant scander ses poèmes, comme dans Face au verrou par exemple.
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Il serait bien difficile de restituer davantage le propos : Les Cosmogoniales se regarde, se lit, mais il est surtout conçu comme un véhicule destiné à embarquer le lecteur dans un rêve éveillé.
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On se sent comme un spectateur privilégié qui entre dans les secrets des origines du grand tout. Sans compter la sélection appliquée et avisée de grands auteurs comme Horace, Ovide, Homère, Platon et bien d'autres. Ce voyage est d'une poésie infinie et d'un mysticisme habité, avec des mots profonds et un dessin inspiré.
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Loin de l’approche figuro-encyclopédique d’Alpha… directions de Jens Harder et lorgnant presque davantage vers la folie expérimentale de Marc-Antoine Mathieu dans ses Trois Rêveries, Les Cosmogoniales apporte une vision originale aux interrogations originelles du genre humain.
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Par son thème et son traitement, Les Cosmogoniales sort largement des sentiers battus et témoigne du pouvoir pouvoir expressif de la bande dessinée. Un livre magnifique à mettre entre les mains des amoureux de poésie graphique et de littérature antique.
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Le résultat est à la mesure des éloges qui viennent d’être fait. Hyacinthus nous offre ainsi non seulement un bel objet qu’on a plaisir à compulser, mais une œuvre très poétique ne serait-ce que par le choix des extraits qu’il a retenus. On a hâte de le retrouver pour un deuxième album, car on est ici aux prémisses d’un travail remarquable et original qui met cet auteur à la hauteur d’un Marc-Antoine Mathieu.
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